“Entrer dans le cercle de la bougie” (René Char)
En ce samedi 30 novembre, veille de notre entrée dans le temps de l’Avent (pour le calendrier latin), la communauté “élargie” du Carmel Saint-Joseph, s’est retrouvée pour une matinée “contemplative” autour des œuvres de Georges de La Tour. Cette rencontre était animée et guidée par Sœur Anne Josée venue de notre communauté de Lattaquié pour nous prêter, une fois encore, sa lumière, son regard et sa méditation sur le thème de la nuit, ou plutôt de nos nuits humaines. Nous nous sommes retrouvées, dans notre couvent de Mechref, à un trentaine de personnes, pour plonger dans une lecture spirituelle des œuvres clés de ce grand maître du clair-obscur.
Notre méditation a été introduite par une toile “Job et sa femme” et une lecture “en polyphonie” (biblique, poétique, spirituelle) de cette peinture magnifique. Ainsi visitée et décryptée, sous forme d’un montage vidéo, elle nous parle de traversée et de ce passage de tout à chacun, des ténèbres à la lumière de la vérité, qui passe par le dépouillement et la vulnérabilité.
Pour entrer plus profondément dans la méditation des œuvres de Georges de la Tour projetées sur grand écran et sous forme d’un diaporama, Soeur Anne José a structuré son propos en cinq temps :
* La nuit obscure et purificatrice : celle du reniement de Pierre et de Madeleine pénitente.
* La nuit du quotidien : celle de Joseph (avec l’ange lui apparaissant en songe, et l’enfant Jésus accompagnant son labeur).
* La nuit de la compassion : celle d’Irène devant le corps du martyr Sébastien (une déploration, une veille dans l’espérance).
* La nuit pacifiée : celle de Job.
* La nuit d’une naissance (avec l’adoration des bergers et le nouveau-né).
Georges de La Tour nous révèle que c’est de la nuit que toujours naît la lumière. Il nous trace un itinéraire qui n’est autre que ce passage de nos ténèbres à la lumière. Nous sommes ainsi guidés pour comprendre et vivre l’invitation de saint Paul à travers la deuxième lecture de ce premier dimanche de l’Avent : “La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière.” (Rm 13,14a).
Nous avons tous apprécié cette longue lecture méditative. Le silence “éloquent” de notre petite assemblée (après chaque commentaire de toiles et à la conclusion de notre rencontre), nous en a dit long sur la nourriture substantielle reçue pour nous préparer à notre marche dans la Nuit de Noël : “Ô nuit qui m'as guidée ! ô nuit plus aimable que l'aurore !” La dernière nuit, comme nous l’a rappelée Sœur Anne José, est cette nuit originelle de toute naissance et de toute renaissance ; l’aurore de tous nos commencements en étant le signe.
Et l’artiste, sans relâche, nous offre la flamme vacillante de la chandelle trouant l’obscurité, afin que nous entrions, nous aussi, comme le dit si bien le poète, “dans le cercle de la bougie” ...