Mot adressé par Sœur Mariam An Nour aux enseignants
Pour une éducation à la paix et la réussite de tous.
Chers collègues,
C’est avec une joie profonde que nous nous retrouvons pour démarrer ensemble cette nouvelle année scolaire qui s’ouvre devant nous. Heureux de la présence de Sœur Rima notre régionale, représentante de notre Prieure générale Sœur Anne-Marie et de nos sœurs de Syrie et de la communauté de vos sœurs de Mechref.
Aux nouveaux professeurs qui nous rejoignent à cette rentrée, tous nos vœux de bienvenue dans notre communauté éducative, et de bonne et rapide intégration. Qu’ils découvrent la joie de travailler ensemble au service de nos jeunes.
Nous commençons cette nouvelle année scolaire dans des circonstances régionales et mondiales dramatiques où violence et précarité sont causes de souffrances intolérables et injustifiables, où des milliers d’enfants et de jeunes sont privés de scolarité. Vers eux et vers leurs familles vont nos pensées. Tant de violence et de souffrances nous incitent à être des artisans de paix et de justice et à nous engager chaque jour dans ce combat pour la fraternité véritable.
Nous commençons aussi, réconfortés et redynamisés par la visite du Pape Benoît xvi, par les bénédictions de Dieu qu’il a prodiguées sur nos peuples et par son appel à construire ensemble la civilisation de la Paix, des Sociétés « où Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent ».
S’il est vrai qu’une chape d’obscurité recouvre notre temps et ne permet pas de voir la lumière du jour, il est vrai également aussi que nous ne cessons malgré tout d’attendre l’aurore dans une ferme confiance et espérance. Cette attente, elle est vive et visible chez les jeunes, et ceux-ci peuvent, par leur enthousiasme et leur ardeur en vue d’un idéal, offrir une nouvelle espérance pour notre pays, notre région et pour le monde.
Benoît xvi nous a appelés à être attentifs à ce monde des jeunes pour construire avec eux et pour eux un avenir de justice et de paix, leur communiquer la conviction et la valeur positive de la vie, en suscitant en eux le désir de dédier leur vie au service du bien, du vrai, du beau et d’œuvrer pour un monde plus fraternel. C’est là une tâche qui nous engage tous, personnellement et communautairement. Il nous faut construire une autre histoire que celle de la violence, une histoire fondée sur une éthique d’hommes et de femmes vivant les uns pour les autres, les uns au service des autres. C’est sur ce terrain que nous avons à vivre et à œuvrer, c’est sur ce terrain que nous avons à appeler nos enfants et nos jeunes à donner le meilleur d’eux-mêmes, à sortir des particularismes pour donner lieu à la possibilité de l’humain. C’est cela qui est urgent, c’est cela qui est essentiel : donner lieu à la bonté, à la générosité, à la justice, au pardon, à la fraternité.
Nous sommes appelés à la fraternité, mais elle ne peut advenir sans notre contribution. Elle est le fruit d’une construction au quotidien, d’un choix résolu qui est à faire à chaque minute, elle est un combat – il nous faut travailler à éliminer les multiples tensions entre nous, entre les élèves, entre l’institution et les parents. Il nous faut travailler à décongestionner, à rationaliser. N’accordons rien à l’esprit de division, de jalousie, nous sommes là non en compétition mais en complémentarité pour le service, nourrissons des attitudes constantes de paix, de dépassement de soi pour la diffusion d’une culture de paix basée sur la vérité, le respect, la justice, l’amour et la liberté, faisons de notre école, un havre de paix, un lieu où il fait bon de vivre ensemble, « où une vie bonne avec et pour les autres est possible », pour ancrer nos jeunes dans l’espérance. Il nous reste le service comme la plus belle expression de l’amour, essayons de la vivre dans une hospitalité profonde les uns des autres, dans une véritable solidarité, dans le partage de tout. Puissions-nous en ce temps d’urgence être les artisans d’une culture de la Paix dans l’ouverture à Dieu et à l’autre, aux autres et de la construction d’une fraternité universelle et dans la promotion d’une culture de la solidarité.
Ensemble faisons triompher la vie, l’amour ne cédons pas au pessimisme, soyons à la hauteur des circonstances, et oeuvrons pour une civilisation de la Paix, du Pardon et de l’Amour.
C’est l’esprit qui nous portera ensemble, qui nous mobilisera dans notre marche éducative et qui soutiendra notre vie communautaire scolaire : enseignants, élèves, parents.
Voici notre plan de travail pour cette journée.
Après m’être arrêtée avec vous sur le sens de notre engagement ensemble, je procède à la lecture de notre projet d’établissement ; j’en soulignerai l’importance de deux points liés l’un avec l’autre, à savoir : le suivi des élèves en difficultés – la pratique d’une évaluation positive.
Après la pause café, de 10h30 à 12h, nous travaillerons par cycle à l’élaboration de plans d’action pour le suivi des élèves en difficultés.
Puis de 12h30 à 14h – Nous procéderons à l’élaboration de plans d’action pour l’évaluation positive (en vue d’un nouveau carnet de l’élève).
C’est notre posture qui compte, il y a les contenus didactiques et les méthodes pédagogiques, mais il y a surtout nos attitudes, notre position qui sont déterminantes de notre rôle de praticien de la réflexion – lâchons nos fantasmes de toute puissance, offrons à nos élèves, jeunes et adolescents, un climat de confiance qui les sécurise et où peuvent s’articuler le disciplinaire et le pédagogique, n’oublions jamais que les élèves sont à la fois des apprenants et des sujets en construction.
Que le climat de nos classes soit à la fois accueillant, sécurisant et exigeant : accueil et fermeté doivent aller ensemble.
Toujours nous tenir dans la vigilance, la réflexion, la recherche, la régulation entre théorie et pratique pour rester au plus près des besoins de nos élèves sans pour autant lâcher nos ambitions pédagogiques et éducatives pour eux. Que la classe soit un lieu de vie et de construction pour nos élèves.
Ensemble, mettons-nous en route pour construire dans la joie; dans la confiance, dans la générosité, dans l’espérance, un monde de Paix, de Justice, de Fraternité.
Enfin permettez-moi de souligner l'importance de deux points du projet d'établissement, deux points du reste liés l’un avec l’autre , et la cohérence de l’ensemble du projet: - le suivi des élèves en difficulté ; - la pratique d’une évaluation positive. Ces deux points rejoignent la maitrise des langues, la nécessite de procéder à une analyse régulière et à une évaluation critique de nos pratiques ainsi que le développement d’un travail d’équipe.
• Le suivi des élèves en difficulté :
Vous avez déjà travaille dans le cadre des réunions de passation qui ont eu lieu la semaine dernière. Elles avaient pour but de permettre aux équipes d’enseignants de prendre en charge les élèves des classes dont elles auront la responsabilité cette année. J’insiste sur le fait qu’il conviendra de mettre en place dés le début de l’année, dans chaque classe et dans toutes les disciplines :
- un enseignement ciblé c’est-à-dire adapté à la réalité de la classe et cela en ce qui concerne les contenus, les programmations et les méthodes. Il s’agira de construire des compétences en les nourrissant par l’acquisition de connaissances, de capacités et d’attitudes choisies au regard des besoins d’apprentissage des élèves en convergence avec les exigences institutionnelles des programmes.
- une différenciation efficace c’est-à-dire qui soit fondée sur la recherche d’activités et d’exercices qui ne soient pas la simple répétition de ceux qui n’ont pas abouti à des progrès de la part des élèves concernés. Il faudra, ensemble, trouver des détours pédagogiques susceptibles de mieux faire progresser les élèves.
- une formalisation de l’accompagnement ainsi mis en place en lui adjoignant des fiches d’action explicites pour l’équipe pédagogique, pour les élèves concernés et pour leurs parents. Ces fiches devront comporter les objectifs de l’action, sa description concrète, sa répartition dans le temps, des bilans et des commentaires critiques.
•L’évaluation positive (ce point est évidement lié au précédent) :
Nous sommes en effet trop souvent dans la seule logique du contrôle sommatif , et de la réussite mesurée en termes de résultats. Il faut entrer dans la logique d’une évaluation positive accompagnant l’élève dans son parcours personnel, en lui proposant des activités variées et progressives, en insistant d’abord sur ce qu’il sait faire de façon à lui redonner confiance en soi et motivation. Cela, bien entendu, en veillant au renforcement progressif des capacités qui lui permettront d’acquérir les compétences requises. Je rappelle ici la pertinence du socle commun de connaissances et de compétences qui constitue un outil précieux si nous nous en inspirons pour faire évoluer nos pratiques.
